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Poésie francophone
30 avril 2010

Extrait rimé du Portique n°78

Le distrait

 

Vous avez, c'est certain, parmi votre entourage,

Depuis longtemps ou non, connu ce personnage.

Il est gai, amical, pas méchant, loin s'en faut,

Mais il a, c'est dommage, un énorme défaut :

Il est distrait.

 

Lorsque vous lui donnez, tel jour, un rendez-vous,
Vous ne verrez personne, à la date indiquée.
Et qui, huit jours plus tard, viendra sonner chez vous,
S'excusant du retard à l'heure d'arrivée ?
C'est le distrait.

 

Soigneusement, il note dans son petit carnet
L'adresse et les détails pour faire le trajet.
Ces sages précautions s'avèrent inutiles,
Car ses lunettes sont restées au domicile.
Oh ! Le distrait.

 

Si, par hasard, il doit attendre au téléphone
Son interlocuteur, qu'il venait d'appeler,
Il oublie aussitôt quelle était la personne
A qui l'instant d'avant, il souhaitait parler.
Mais quel distrait !

 

Ou, d'autres fois encore, candidement s'étonne
De son correspondant n'avoir aucun écho.
Mais il aurait fallu, pour que cet engin sonne,
Qu'au cadran, il compose au moins le numéro.
Sacré distrait !

 

Il prend des précautions, c'est un homme soigneux
Car il dresse, avec soin, une liste complète,
Concise, détaillée, de toutes les emplettes
Qu'il doit effectuer, puis… il la jette au feu.
Ah ! ce distrait !

 

Il porte, c'est courant, ses fripes à l'envers,
Et ses chemises sont boutonnées de travers.
Après vingt kilomètres ou plus dans sa voiture,
Il s'aperçoit soudain qu'il n'a pas ses chaussures.
C'est un distrait.

 

A vous, qui le jugez, ayez de l'indulgence,
Surtout si ses oublis n'ont eu de conséquences
Que pour lui. Il est bon, très tendre, généreux,
Mais il est, je le sais, follement amoureux.
Et, donc... distrait.

 

Monique GOFFINON , La Hulpe (Belgique)

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